À la croisée des années 1980 et 1990, un coupé sportif allemand a su attirer l’attention avec son allure soignée et son esprit novateur : la Volkswagen Corrado. Véritable vitrine technologique du groupe Volkswagen à son époque, cette voiture tentait de concilier des performances sportives avec un confort digne des modèles plus luxueux. Pourtant, malgré toutes ses qualités, la Corrado a dû naviguer dans un contexte industriel et commercial complexe, marqué par une concurrence interne redoutable et une évolution rapide des attentes des automobilistes européens et nord-américains. Son histoire, son design, sa mécanique révolutionnaire pour l’époque et son héritage sont autant d’éléments qui témoignent d’une ambition audacieuse — mais aussi d’un succès relatif face aux défis du marché.
Historique et place stratégique de la Volkswagen Corrado dans l’industrie automobile allemande
Dans le royaume des voitures sportives compactes des années 80, Volkswagen cherchait à se positionner haut, avec une proposition nouvelle et ambitieuse. La Corrado fut pensée comme la relève d’un illustre ancêtre, la Scirocco, coupé légendaire ayant connu un succès notable depuis sa première génération en 1974, dessinée par le légendaire Giorgetto Giugiaro. Mais dès la seconde génération de Scirocco, le vent commença à tourner. La compétition accrue dans le segment des GTI — à laquelle Volkswagen avait largement contribué avec sa Golf GTI — et la montée en puissance des constructeurs japonais ont obligé la marque à repenser son approche.
La stratégie était claire : abandonner le segment accessible des coupés sportifs d’entrée de gamme pour viser un positionnement plus premium. L’objectif ? Rivaliser avec des marques plus élitistes comme Porsche, mais sans perdre le côté populaire, cher au Groupe VAG. En coulisses, la production était confiée à Karmann, déjà partenaire historique. Ce célèbre carrossier, à qui l’on doit le Karmann Ghia, était à même d’assurer une fabrication qualitative et soignée, vecteur d’une image plus haut de gamme.
Cette volonté se traduit dans plusieurs choix techniques et stylistiques : un châssis dérivé de la Golf II, une carrosserie légèrement allongée (4 048 mm de long), et surtout une innovation notable, le fameux aileron arrière escamotable, qui n’était jamais apparu jusque-là chez Volkswagen. Cette pièce aérodynamique ne se déployait qu’à partir de 120 km/h (soit 70 km/h en Amérique du Nord), apportant un appui arrière réduit, très apprécié pour la tenue de route.
Enfin, il faut souligner l’importance du contexte commercial : Volkswagen produit déjà plusieurs marques liées, parmi lesquelles Audi, Seat, Skoda et Porsche. Ces marques évoluent dans des segments différents, mais la Corrado était une façon pour Volkswagen de tester ses forces sur un marché plus élitiste. Malgré son positionnement dynamique, elle souffrait également de la compétition féroce au sein même du Groupe VAG, avec la Golf GTI, une référence incontournable à un prix plus accessible, constituant un rival sérieux en interne.
- Succession directe de la Scirocco, l’un des coupés les plus célèbres des années 70-80
- Collaboration avec Karmann pour un assemblage précis et haut de gamme
- Positionnement premium dans une gamme où la Golf GTI dominait
- Intégration de technologies innovantes comme l’aileron arrière escamotable
- Un défi : lutter contre la montée des voitures japonaises dans le segment sportif
Année | Production Volkswagen Corrado | Évènements clés |
---|---|---|
1988 | 3 206 | Lancement officiel, présentation à Nuremberg et au Salon de Paris |
1989 | 24 389 | Début des ventes en Europe et lancement au Canada (uniquement version G60) |
1992 | 16 085 | Arrivée du moteur VR6 avec 172 ch, restylage discret |
1995 | 2 424 | Fin de production après 97 465 exemplaires |
La Corrado marqua donc une période où Volkswagen tenta d’élargir ses horizons, oscillant entre tradition sportive et montée en gamme, avec une attention toute particulière aux innovations technologiques, à la qualité de fabrication, et à la quête d’une identité propre au sein du vaste Groupe VAG.

Design et innovations techniques au cœur de la Volkswagen Corrado : entre élégance et performance
Le design de la Volkswagen Corrado est l’œuvre d’Herbert Schäfer, directeur du design Volkswagen de 1972 à 1993, connu pour son style sobre et solide destiné à transmettre une image de confiance et de robustesse. Contrairement aux lignes aérées et exubérantes qu’on pouvait attendre d’un coupé sportif de la fin des années 80, la Corrado mise sur une beauté fonctionnelle et une esthétique plutôt classique, mais avec une note d’audace grâce à quelques détails distinctifs.
Parmi ses éléments marquants, l’aileron arrière escamotable reste une innovation incontournable. Dès 120 km/h, ce dernier se déplie pour réduire l’appui aérodynamique, améliorant la stabilité à haute vitesse sans sacrifier l’élégance visuelle lorsque la voiture roule à allure modérée. Un procédé technologique avancé pour l’époque, combinant design et efficacité technique avec succès.
L’aérodynamique a été soignée, avec un coefficient de pénétration dans l’air (Cx) de 0,32, nettement meilleur que la Scirocco II (0,38). Ce chiffre exprime la capacité de la carrosserie à réduire les résistances au vent, optimisant les performances moteur et la consommation, un atout non négligeable pour un modèle sportif qui doit également séduire au quotidien.
À l’intérieur, Volkswagen reprend la planche de bord de la Passat de troisième génération, synonyme de sérieux et de qualité, agrémentée de sièges Recaro pour les versions sportives, apportant un confort et un maintien exemplaires. Le partenariat avec des fournisseurs tels que Bosch pour l’électronique, Hella pour l’éclairage, ou encore Bilstein pour la suspension, souligne l’engagement de Volkswagen dans l’utilisation de composants premium, renforçant l’image de fiabilité et de précision.
Quelques caractéristiques clés du modèle en matière de design et innovations :
- Style sobre et efficace par Herbert Schäfer, directeur en design Volkswagen
- Aileron escamotable automatique pour une stabilité à haute vitesse
- Intérieur confortable avec planche de bord Passat et sièges Recaro en option
- Composants haut de gamme issus de partenaires comme Bosch, Hella et Bilstein
- Optimisation aérodynamique à Cx=0,32
Élément | Description | Avantage |
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Aileron escamotable | Se déploie automatiquement à partir de 120 km/h | Amélioration de la stabilité et réduction d’effet de portance |
Sièges Recaro | Sièges sport offrant maintien latéral et confort | Meilleure tenue en virage et confort accru |
Suspension Bilstein | Amortisseurs sport de haute qualité | Optimisation de la tenue de route et du confort |
Les amateurs apprécieront notamment la qualité de fabrication, attestant l’exigence d’un constructeur intervenant dans plusieurs segments, et la robustesse de la plateforme Golf II qui offrait une base technique éprouvée, idéale pour accueillir des nouveautés techniques et un moteur plus puissant.
Les motorisations et innovations mécaniques qui ont fait la réputation de la Volkswagen Corrado
Sous le capot, Volkswagen n’hésite pas à marquer son identité avec une gamme moteur innovante et diversifiée. Dès le lancement européen, la Corrado propose un moteur 1,8 litre 16 soupapes délivrant 136 chevaux, dérivé directement de la Golf GTI 16S, mais la véritable star du lancement est sans conteste la version G60 équipée d’un compresseur unique baptisé G.
Le compresseur G, une technologie rare, est un hommage à un brevet français de 1905, redécouvert et développé intensivement par Volkswagen à partir de 1978. Cette machine à spirales assure la compression de l’air par deux spirales excentrées, tournant à grande vitesse : celle mobile effectue 1,7 fois plus de rotations que le moteur. L’air comprimé passe ensuite par un refroidisseur avant d’arriver dans la chambre de combustion. L’avantage ? Des montées en régime vives jusqu’à 5 000 tours par minute, générant 160 chevaux, soit une puissance plus haute que celle des GTI classiques à injection alors quasi omniprésentes sur le marché.
Cette technologie, bien que sophistiquée, présentait ses limites : la production nécessitait un outillage très pointu, et surtout, la fiabilité semblait parfois mise à mal par des défaillances du compresseur. Volkswagen a dû faire face à plusieurs cas de désintégration, ternissant la réputation de la version G60. Malgré ces irrégularités, les sensations au volant demeuraient uniques, et la Corrado commença à se forger une identité forte.
En 1992, un nouvel acteur rejoint la gamme : le moteur VR6, véritable joyau du constructeur. Avec un angle de seulement 15 degrés entre les deux rangées de cylindres, cette architecture compacte utilise une culasse unique, permettant de loger un moteur 6 cylindres dans un compartiment moteur habituellement réservé aux 4 cylindres. Le VR6 de 2,8 litres développait 172 chevaux (voire 190 dans la version européenne 2,9 litres), tout en offrant un couple généreux et une sonorité plaisante.
Les performances du VR6 améliorent nettement le zéro à cent kilomètres par heure, qui passe de plus de 8 secondes à 6,9 secondes. Ce moteur deviendra la référence pour la Corrado jusqu’à la fin de sa production, éclipsant la version G60 et consolidant l’image dynamiquement prestigieuse de la voiture.
- 1,8 litre 16 soupapes – 136 ch, moteur d’entrée
- 1,8 litre 8 soupapes avec compresseur G60 – 160 ch, technologie spiralée
- 2,8-2,9 litres VR6 – 172 à 190 ch, architecture compacte unique
- Boîte automatique 4 rapports disponible dès 1991
- Améliorations du châssis pour accompagner la montée en puissance
Motorisation | Puissance (ch) | Performance 0-100 km/h (sec) | Caractéristique |
---|---|---|---|
1.8 16V | 136 | ±9.0 | Moteur de base tiré de la Golf GTI 16S |
1.8 G60 compresseur | 160 | 8.3 | Compresseur spirale innovant, mais fragile |
2.8 VR6 | 172 | 6.9 | V6 compact, souple et puissant |
2.9 VR6 (Europe) | 190 | ~6.5 | Version européenne plus performante |
Les défis commerciaux et la concurrence interne : pourquoi la Volkswagen Corrado n’a pas brillé autant que prévu
La Volkswagen Corrado, malgré ses innovations et son positionnement soigné, a finalement eu du mal à s’imposer face à un marché fortement concurrentiel. En Europe comme en Amérique du Nord, plusieurs facteurs ont limité son succès commercial, et certains venaient… de l’intérieur même de la galaxie Volkswagen.
Tout d’abord, le positionnement haut de gamme de la Corrado impliquait un prix de vente assez élevé : en 1989, le modèle G60 se négociait à 26 350 dollars canadiens, soit nettement plus que la Scirocco 16V d’un an auparavant. À titre de comparaison, d’autres coupés sportifs proposés par des concurrents japonais ou américains étaient tous vendus à des tarifs moindres :
- Acura Integra GS : 20 695 $
- Eagle Talon TSi Turbo 4×4 : 22 500 $
- Honda Prelude SR 4 roues directrices : 24 560 $
- Mazda MX-6 GT 4 roues directrices : 24 840 $
- Nissan 240 SX : 18 890 $
- Toyota Celica GT-S : 22 598 $
- Golf GTI 16V (interne) : 18 900 $
Ce positionnement prix a réduit considérablement la clientèle potentielle. La Corrado, techniquement parfaite, ne pouvait rivaliser dans les volumes de vente contre sa cousine la Golf GTI, chefs de file de la catégorie des petites sportives accessibles. Les reproches fréquents concernaient aussi la boîte de vitesses manuelle à commande par câbles, jugée moins précise, et les performances en reprises, moins démonstratives que certaines concurrentes.
Outre la concurrence classique, la Corrado s’est aussi heurtée à une tendance plus large : la mode des coupés sportifs déclinait dans les années 1990. Les acheteurs privilégiaient de plus en plus les berlines ou compactes polyvalentes. Volkswagen ne renouvela pas l’expérience après 1995, et ne reprit son pari des coupés 2+2 qu’en 2008 avec la renaissance de la Scirocco, qui elle aussi peina à renouer avec les succès passés.
Liste des facteurs limitants :
- Prix élevé par rapport aux concurrentes japonaises et américaines
- Concurrence interne féroce avec la Golf GTI 16V
- Boîte de vitesses manuelle critiquée pour sa commande par câbles
- Performance moyenne en reprises malgré un bon 0-100 km/h
- Déclin du marché des coupés sportifs dans les années 1990
L’héritage et le statut culte de la Volkswagen Corrado en 2025 : entre passion et rareté
Près de trois décennies après la fin de sa production, la Volkswagen Corrado s’est transformée en un objet de collection à part entière. Son histoire mouvementée et son design discret mais efficace ont créé une aura unique autour d’elle. En 2025, elle suscite toujours la passion des amateurs qui voient en elle un mélange rare entre sportivité allemande sérieuse et originalité technique.
Le positionnement tarifaire d’origine a eu pour effet que la Corrado n’a jamais été aussi massivement diffusée que d’autres modèles Volkswagen populaires. Cela la rend aujourd’hui plus exclusive, bien que la popularité relative ait aussi conduit à une exploitation conséquente dans le tuning. Ce mouvement a, dans certains cas, dénaturé l’état d’origine des voitures, rendant les modèles strictement d’origine de plus en plus rares et recherchés.
Dans le cercle des collectionneurs, la version VR6 est particulièrement prisée pour sa douceur, sa puissance et son caractère unique. La technologie du compresseur G, bien qu’imparfaite, est aussi reconnue comme une curiosité technique qui fascine. C’est un parfait exemple d’une voiture née d’une volonté d’innovation et d’audace.
La Corrado est souvent mise en avant dans les salons automobiles et les rassemblements historiques aux côtés d’autres bijoux du Groupe VAG comme Audi ou Porsche, soulignant ainsi son rôle dans l’histoire du constructeur allemand. Les passionnés apprécient également sa robustesse, son châssis affûté et son confort inattendu.
- Modèle recherché sur le marché des collectionneurs
- Version VR6 comme référence de puissance et d’agrément
- Compresseur G60, une technologie d’avant-garde et lieu de fascination
- Rareté accrue des modèles d’origine non modifiés
- Présence dans les événements et clubs de passionnés du Groupe VAG
Critère | Statut en 2025 | Considération |
---|---|---|
Valeur de collection | En hausse | Particulièrement pour les versions VR6 strictement d’origine |
Popularité | Cultissime | Reconnaissance parmi les passionnés de Volkswagen et des anciennes sportives |
Accessibilité | Modérée | Modèles originaux plus rares et cherchant des soins de restauration |
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Questions fréquentes sur la Volkswagen Corrado
- Quelle est l’origine du nom Corrado ?
Le nom « Corrado » vient du verbe espagnol « correr », qui signifie courir, illustrant la volonté de Volkswagen de communiquer l’idée d’agilité et de dynamisme. - Quels sont les moteurs disponibles sur la Corrado ?
Au fil de sa carrière, la Corrado a été proposée avec un 1,8 litre 16 soupapes atmosphérique, un 1,8 litre compressé G60 de 160 chevaux, et un moteur VR6 2,8 à 2,9 litres développant jusqu’à 190 chevaux selon les marchés. - Pourquoi la Corrado a-t-elle eu moins de succès que la Scirocco ?
La montée en gamme et le prix plus élevés ont réduit sa clientèle potentielle. En outre, la Golf GTI, interne au Groupe VAG, offrait une alternative plus abordable et performante positivement perçue. - La Corrado est-elle une bonne voiture pour un collectionneur aujourd’hui ?
Absolument, surtout les versions VR6. La rareté des modèles strictement d’origine en fait un objet recherché, d’autant plus que son style et son caractère technique la distinguent sur le marché des voitures classiques. - Quelles pièces détachées sont les plus coûteuses à remplacer ?
Les composants liés au compresseur G60 sont coûteux et parfois difficiles à trouver. De plus, les équipements haut de gamme comme les sièges Recaro ou les composants Bilstein nécessitent un entretien particulier.